Raconte-moi Marseille !!!
Épisode 3 De l’antiquité au médiéval
Par Michèle
« Dans mon dénuement, je me décidai alors à m’établir à Marseille, une ville où de nombreuses personnes saintes m’étaient chères… »
Paulin de Pella, auteur latin, Ve siècle, Eucharisticos, lignes 520-521
Marseille, une cité antique sans mémoire ?
Il est difficile pour un vrai marseillais de reconnaître que sa ville est pauvre en sites culturels.
Très riche par sa situation stratégique : proche de la mer, de la campagne, des montagnes, de divers endroits rayonnants aux alentours et de sa luminosité reconnue, elle reste une ville antique sans antiquité.
C’est justement à cause de cette diversification de paysages que la ville n’a pas mis en valeur la richesse de la plus vieille ville de France. A cause de cette position nous passons rapidement de l’antique au médiéval.
Si nous résumons Marseille une ville ancienne, fondée par les Grecs vers 600 avant J. -C. Grande ville portuaire sous l'empire romain, elle occupe une place importante dans le commerce méditerranéen, mais décline durant l'Antiquité tardive et le haut Moyen Âge, au profit d'Arles.
Dès le Ve siècle, Marseille devient une « ville de saints », en vertu de la nouvelle donne religieuse décidée par l’empereur Constantin1er qui se fait chrétien pour pilier les temples païens afin de financer Constantinople. Orésius est le premier évêque connu de Marseille. On sait seulement qu’il assiste au grand concile d’Arles pour examiner la cause des Donastiques, est une doctrine chrétienne jugée a posteriori schismatique puis hérétique par l'Église une communauté chrétienne est donc certaine, sans doute dès le IIIe siècle.
Reliques de Saints visibles à l'Abbaye Saint Victor
Le premier temps des chrétiens, dès 400, fût marqué par de nouveaux édifices, autour d’un grand baptistère des Gaules, dont la ville est dotée. Hors des murs, le sanctuaire de Saint Victor et la basilique funéraire de la rue Malaval.
Abbaye Saint Victor
Visite de l’Abbaye Saint Victor: cliquez sur le lien en bleu pour voir la vidéo d'Odile: .Intérieur de l'Abbaye
Le site de la rue Malaval correspond à l'emplacement de sépultures repérées à la fin du XIXe siècle et signalées alors sous l'appellation de « nécropole du Lazaret ». L'ensemble était installé le long d'une ancienne voie antique conduisant à Aix depuis la porte nord de la cité.
Il faut savoir qu’à l’époque les sanctuaires étaient toujours hors des murs de la ville, pour éviter toute propagation de maladies et d’épidémies.
C’est seulement plus tard que nous retrouvons des ensevelissements en ville et plus particulièrement près de la cathédrale. Cette nouvelle pratique est engendrée par le développement de l’habitat et de l’activité du port, qui montre des échanges intenses que Marseille entretient avec toute la Méditerranée, après la fin de l’Empire et l’avènement des Francs.
Marseille va connaître, cependant la reprise en main, par Charles Martel en 738. Nous abordons deux siècles d’un haut Moyen Âge au cours desquels Marseille décline. Nous retrouvons à terme, le cantonnement dans deux enceintes réduites l’habitat de la ville, dont les monuments antiques sont en ruine.
Autel du Vème siècle. Abbaye Saint Victor.
Un Moyen Âge marseillais
« Au mois d’aoust entrames en nos nefs à la Roche de Marseille. À cette journée fist l’on ouvrir la porte de la nef et mist l’on touz nos chevaus ens que nous devions mener outre-mer »
Traduction plus ou moins fiable : A mois d’août nous entrâmes nos murs à la Roche de Marseille. A cette première journée l’on ouvrir la porte de la ville et nous mire nos chevaux à l’abri, que nous devions mener outre-mer…
Joinville, chroniqueur français (1224-1317), départ de Marseille de la septième croisade en 1248
À l'avènement d'Hugues Capet, en 987, le pouvoir royal est très affaibli. Le domaine royal des Capétiens est limité à une bande de terre comprise entre Paris et Orléans. Le reste du royaume est divisé en grands fiefs où les grands princes, vassaux du roi de France gouvernent en toute indépendance.
Comment se divise le royaume de France ?
Le partage du royaume au gré des successions :
Ce dernier est divisé en trois grandes régions : l'Austrasie (est de la France, la Belgique, le Luxembourg et l’ouest de l’Allemagne), la Burgondie (Vallée du Rhône) et la Neustrie (l’ouest de la Meuse et au nord de la Loire), dont les frontières évoluent au gré des guerres et des héritages. Plusieurs rois parviennent à réunir l'ensemble, mais dès la mort du souverain il est divisé entre ses descendants.
Dans ce contexte, la Provence au Xe siècle est rattachée aux souverains de Bourgogne. Ces souverains nomment en 948 les vicomtes à Marseille. Jusqu’en 1245, ce régime dure avec la maison des comtes de Barcelone.
En 1246 Béatrix fille de Raimond-Bérenger V épouse le frère de Louis IX, Charles d’Anjou.
Jusqu’en 1382 la ville n’a de cesse d’être soumise. Ce n’est qu’à l’assassinat de la reine Jeanne que s’achève cette première période trouble. Louis d’Anjou frère de Charles V, annonce la deuxième maison d’Anjou. Le roi René succède à celui-ci, qui n’a pas eu d’héritier et Charles du Maine, lègue la Provence à son cousin Louis XI.
Entre temps, Palamède de Forbin, fils d’une riche famille, est nommé gouverneur. Il se rend vite impopulaire et est destitué à la mort de Louis XI.
Ce qui permet le rattachement définitif à la France du « comté de Provence et des terres adjacentes dont Marseille » est confirmé par Charles VIII en 1487.
Nous remarquerons qu’il ne reste que très peu de vestiges du Moyen Âge.
Plusieurs raisons en sont l’origine : destructions et mise à sac des Aragonais, la période révolutionnaire, les constructions médiévales qui s’appuient sur l’antique, le Moyen Âge et enfin la modernisation de la fin du XIXe siècle qui fait fit du peu de vestiges de l’époque, comme la destruction de l’église Saint Martin – Ce bâtiment se situe à l'intérieur des remparts médiévaux de 1190 et de 1250. Cette petite église est agrandie au début du XVI e siècle grâce aux dons de Barthélemy Reynaud « homme de basse naissance, mais très riche et très charitable »).
Et Marseille devient Française
« Cette ville de Marseille est le grand port de mer du royaume de France. Toutes les fois qu’on envisage de faire une expédition (maritime) avec des navires à partir du royaume de France, on réunit dans cette ville (les moyens nécessaires) et on part en mer. »
Pîrî Re’îs, grand amiral de la flotte ottomane, Le Livre de la mer, 1526
Nous avons juste dit un mot sur ce rattachement de Marseille et la Provence à la France. C’est bien à la mort de Charles V d’Anjou, que la Provence est unie à la couronne de France. Marseille conserve un statut fiscal privilégié de « terre adjacente » (Les terrains adjacents) à la Provence. Pour royautés de France, le port de Marseille est un atout dont ils vont tirer parti pour leurs expéditions en Italie et d’autres pays qui bordent la méditerranée.
Marseille va prospérer mais subir aussi un siège en 1524. Par trois fois François Ier viendra à Marseille et notamment pour le mariage de son fils Henri avec Catherine de Médicis.
Les guerres de Religion, apporte, comme nous l’avons dit, une certaine prospérité grâce à ses relations avec la Barbarie (Afrique du Nord) et le Levant (la Méditerranée orientale, sous domination turque).
La ville reste catholique, malgré les diverses tendances du protestantisme et elle s’éloigne un temps à l’écart des conflits.
Période très connue, de 1591 à 1596 Marseille, avec le soutien des Espagnols et le ligueur Charles de Casaulx, se transforme, en une petite république marchande, indépendante du royaume de France. (Petite période de rébellion).
À très bientôt pour voir Marseille sous les rayons du ROI SOLEIL Louis XIV!