Par Odile
Se mettre au vert
Si la locution verbale populaire « se mettre au vert » signifie prendre du recul, se reposer, se mettre à l’abri, prendre des vacances, son lien avec la symbolique de la nature date en occident de l’époque romantique. De nos jours, la couleur verte est ancrée dans l’inconscient collectif comme symbole de pureté, légèreté, renouveau ou encore liée à la santé et à l’écologie. Comme chaque couleur, celle-ci a son côté pile ou face, son ambiguïté.
Dans l’Antiquité, la représentation de la nature était basée sur les quatre éléments : eau, air, feu, terre. Les pigments verts s’appellent Terre Verte, Malachite, Vert de gris.
Certains écrits associent l’islam primitif à la corrélation entre la nature et le vert.
Au Moyen Âge, les jongleurs s’habillaient en vert, ainsi que les bouffons ou autres amuseurs du roi. Le jaune complétait la tenue. On comprend que le vert n’était pas tenu en très haute estime allant même jusqu’à symboliser la folie. S’il était retrouvé sur les armoiries d’un chevalier, cela signifiait que l’un des membres de la lignée était frappé de folie.
Etant donné que les vêtements en vert étaient compliqués à teindre, on utilisait du vert de gris qui était un poison. Hypothèse non vérifiable, la légende dit que Molière rendit l’âme sur scène en raison d’un costume dont les vapeurs de vert de gris lui furent fatales.
Les personnes portant du vert au Xvi -ème siècle étaient vues comme excentriques et un environnement vert semblait ennuyeux au XVII -ème siècle. Le vert posait un problème, notamment pour les teinturiers qui avaient des problèmes pour stabiliser les pigments. En effet, ils avaient tendance à se délaver et à s’user facilement à la lumière (c’est d’ailleurs la première couleur qui s’efface sur des photographies).
Le vert a ainsi la réputation d’être instable tout comme la personne qui le porte ! C’est la chance ou la malchance, le hasard ou le destin.
Depuis le XVIème siècle apparaissent les jeux sur tapis verts, notamment les jeux d’argent (couleur de certains billets de banque), puis viennent les terrains de sport (tennis ou autres jeux de balles) et les tables de ping pong.
Si le vert clair est en lien avec notre capacité à regarder nos peurs, c’est peut- être en lien avec son assimilation avec les monstres, les démons, les dragon, les martiens, l’au-delà, la putréfaction etc..)
A partir du XIX ème siècle d’autres pigments font leur apparition : Vert de Cobalt, Vert de Chrome, Oxyde de chrome, Phtalocyanine.
Chaque variété de vert a une symbolique bien particulière qui a évolué au cours des siècles.
Pour en revenir à l’expression « se mettre au vert » :
Au XVI -ème siècle, le « vert » désignait le fourrage réservé à l’alimentation des animaux. Au siècle suivant, l’expression « se mettre au vert » s’utilisait lorsque des animaux étaient laissés libres de brouter où ils voulaient.
Ce n’est qu’au XIX -ème siècle que l’expression est employée pour une personne cherchant le repos à la campagne. D’une manière plus argotique, les personnes s’attablant autour du tapis vert pour jouer, elles aussi se « mettaient au vert ».
Les couleurs parlent toujours de nous, de notre histoire, de notre dualité et de notre manière de voir les choses grâce au prisme de la lumière.