Hildegarde De Bingen

Par Odile

 

 Première femme naturopathe du Moyen Âge, elle a consacré sa vie à l’observation de la nature et a laissé des écrits dont s’inspirent encore aujourd’hui bon nombre de praticiens.

Qui est-elle ?

Nonne au génie exceptionnel, docteur, botaniste, naturopathe, musicienne, femme de pouvoir et visionnaire, c’est une icône de son époque et encore de la nôtre.

Elle nait en Allemagne en 1098 et entre au couvent à 8 ans pour y recevoir un enseignement médical, botanique et artistique. Elle développe des talents de guérisseuse et les malades viennent la consulter au couvent dont elle prend la direction à 38 ans. Morte à 81 ans, elle laisse un héritage précieux. Elle sera canonisée Saint Hildegarde en 2012.

La modernité de ses découvertes et son enseignement démontrent l’étendue des ressources de la nature en nous permettant de mieux comprendre certains aspects.

La notion de joie et de tristesse est très présente dans les aliments décrits par Hildegarde. Elle se base sur la théorie d’Hippocrate (l’un des plus éminents médecins de l’Antiquité) dite des « humeurs » qui considère que la santé du corps et de l’esprit réside en « 4 humeurs » ou fluides corporels : sang, bile jaune, bile noire et flegme.

Selon notre alimentation, les fluides corporels se modifient en faveur de la santé ou le contraire. Hildegarde étudie les aliments et leur impact sur les humeurs en dégageant deux états opposés : la joie et la tristesse.

 

Voici les avis d’Hildegarde sur certains fruits et légumes dits « de la joie » :

 

Dans la naturopathie et la diététique moderne ce ne sont ni plus ni moins que les aliments qui permettent un équilibre acido-basique dans le corps. Si d’autres aliments ne se trouvent pas dans cette liste, c’est qu’à l’époque d’Hildegarde il n’était pas connus et cultivés.

Il n’existe pas d’aliments « tristes », mais ceux qui ne nous conviennent pas et nous affaiblissent.

Elle avait des réserves sur la consommation excessive de fraises (trop inflammatoires), de pêches ( laissant trop de mucus dans l’estomac), de prunes (trop acides) et de poireaux ( dont les composés soufrés perturbent la digestion).

 

Une alimentation équilibrée restera toujours la clé de voûte d’une bonne santé ! A vous de faire vos propres observations !

 

Les épices :

 

Elles ont une place de choix dans les recettes d’Hildegarde. De nombreuses vertus leur sont conférées : stimuler l’appétit, la digestion, rehausser le goût d’un aliment, mettre ses sens en éveil et parvenir plus rapidement à satiété.

Les estomacs sensibles seront prudents et limiteront la quantité d’épices. Le dosage des épices dans la cuisine et leur utilisation thérapeutique est différent. Demandez conseil à un professionnel !

 

Parmi les épices recommandées, disponibles à l’époque d’Hildegarde :

 

Le galanga : c’est une plante originaire d’Asie tropicale dont les rhizomes (tiges souterraines dotées de racines se terminant par un bourgeon), sont réduits en poudre. Son goût piquant est supérieur au poivre. C’est un tonique digestif aux propriétés anti-inflammatoires. Il entre dans la composition du Raz-el-hanout, le mélange utilisé pour le couscous.

 

Le gingembre : herbe tropicale originaire d’Asie et connue depuis la nuit des temps, elle est cultivée dans tous les pays tropicaux. Ce sont ses rhizomes qui sont consommés et préparés en breuvages, huile essentielle, poudre. Il est célèbre comme fortifiant, tonique général, anti-nauséeux.

 

Le cumin : il est réputé pour faciliter la digestion notamment des fromages forts ou des œufs, les rhumes, les spasmes digestifs, les désordres intestinaux. La poudre de ces graines issues de la plante aromatique du même nom, le cumin, est utilisée comme remède dans la médecine Ayurvédique (indienne) depuis des millénaires.

 

Le Zédoaire : ce rhizome de la plante médicinale du même nom, de la famille du gingembre et du curcuma, est aussi appelée Safran des Indes. Elle est indiquée dans les troubles gastro-intestinaux, les spasmes musculaires, les maux de tête. Elle s’utilise en poudre dans la préparation du curry, en huile essentielle pour un usage thérapeutique.

 

Le poivre : Hildegarde recommande son utilisation avec parcimonie. Elle écrit : « le poivre fait mal à l’homme s’il est mangé en abondance ; la favorise la pleurésie et nuit aux bonnes humeurs ».

Ce fruit du poivrier ouvre l’appétit et aide à retrouver le goût de la nourriture. Grâce à l’une de ses molécules, la pipérine, il a un aspect positif sur la tension artérielle et améliore l’absorption des nutriments.

 

Les 3 épices qui « rendent l’âme joyeuse », appelées aussi les épices de la joie sont :

 

La cannelle : cette épice provient de l’écorce du Cannelier de Ceylan et se rencontre sous forme de bâtons, poudre ou huile essentielle. A l’époque d’Hildegarde, c’était une épice précieuse venue d’orient. Elle contient de nombreuses vitamines et minéraux et possède un goût et un parfum inimitable.

 

La noix de muscade : la joie oui, mais le fou-rire d’après Hildegarde, perturbe les humeurs : « celui qui, sous l’effet d’un rire répété et sans mesure, souffre d’agitation et de soubresauts, doit prendre de la poudre de noix de muscade lui ajouter la moitié du sucre, mettre le tout dans du vin chaud et en boire aussi bien à jeun qu’après avoir mangé. Le rire immodéré assèche le poumon et agite le foie, tandis que le sucre guérit le poumon. »

La noix de muscade est l’albumen* de la graine des fruits poussant sur le muscadier, arbre tropical. Elle a une action anti inflammatoire, fluidifiante, anti microbienne, stimule le transit, réduit les ballonnements.

Elle s’utilise à faible dose en raison de ses substances hallucinogènes.

*L’albumen est un tissu transitoire de réserves nutritives pour la graine.

 

Le clou de girofle : on obtient ce clou à partir des boutons floraux du Giroflier. Il est réputé pour ses vertus antalgiques (anti-douleur), anti-infectieuses, anti-inflammatoires et antioxydantes. A la saveur puissante et intense cette épice est utilisée avec parcimonie. On la trouve aussi sous forme d’huile essentielle.

 

D’après Hildegarde ces trois épices : « ont la vertu d’adoucir l’amertume du corps et de l’esprit, ouvrir le cœur, aiguiser les sens émoussés, purifier les sens, diminuer les humeurs nocives, apporter du bon suc au sang et de fortifier. »

 

La composition d’origine du mélange des épices de la joie est la suivante :

45 gr de noix de muscade en poudre.

45 gr de cannelle de Ceylan en poudre.

10 gr de clous de girofle en poudre.

 

Selon vos goûts, quelques grammes de ce mélange peuvent agrémenter des compotes, fromages blancs, pâtisseries.

 

Sa recette la plus célèbre et encore confectionnée aujourd’hui est celle des « Biscuits de la Joie » que vous retrouverez dans la rubrique « cuisine » article « petits biscuits de l’hiver ».