
Texte et photo par Agnés Andrieu
Un jour Odile m’a fait cette étrange proposition d'écrire dans le blog.
Je me suis d'emblée censurée, moi ? Mais pourquoi ? Quelle idée saugrenue !
Plus j'y réfléchissais et plus Je me rendais compte que ce n'était pas parce que je n'avais rien à partager, mais plutôt parce que j'avais peur de ne pas être intéressante.
Oui, j'avais peur d'être ridicule" qui pourrait être intéressé par ce que j'ai à raconter ?"
De cette réflexion est d'abord née la frustration de me laisser guider une fois de plus par mes freins intérieurs, puis l'envie de me dépasser à su trouver sa voie vers la lumière.
Et si pour une fois je me faisais confiance...
Et même si je devais n'être lue que par une seule personne, ma voix n'aurait pas été vaine.
En effet grâce à mes deux derniers parcours d’écriture, j’ai redécouvert avec plaisir le pouvoir des mots pour lutter contre les maux indicibles.
L'écriture me rend heureuse.
Alors aujourd'hui je prends mon courage à 2 mains, une tient le stylo et l'autre la feuille, pour vous proposer des nouvelles qui ont vu le jour sur le chemin du travail au cours de mes observations matinales.
Je vous remercie de votre indulgence et je vous souhaite une bonne lecture.
La première nouvelle : je vous retrouve ce soir...
Il attend.
Le jour commence à se lever.
Entre lumière et obscurité, il perçoit la vie qui reprend .
Le vert, le rouge, l' orange,
Le vert, le rouge, l'orange,
Alternance de couleurs pour guider tel un phare dans la nuit les voitures des premiers levés ou des derniers couchés , le feu tricolore, à ses côtés, se dresse fièrement.
Les premières enseignes s'éclairent, l'odeur des viennoiseries de la boulangerie d'à côté monte jusqu'à lui.
À ses pieds, première douche du matin due aux éclaboussures du camion de la métropole qui dans un vain effort, tente de noyer les marques de l’incivisme laissé au sol.
Enfin, il est l'heure pour lui de laisser place à l’agitation, à la folie de ce monde urbain.
Ici s'achève son rôle.
Jusqu'à ce soir, le réverbère rend les armes et s'éteint sous les premières lueurs du jour.
La deuxième : A chacun son destin :
Il roule, il roule avec fierté, drapé dans ses couleurs naturelles : un blanc neigeux et un violet lumineux.
Il vient de s'échapper de sa cage dorée et dévale la pente avec l'horizon comme seul objectif.
Sa fuite vient de se produire.
Le fermier déballait ses cagettes du camion pour approvisionner la petite épicerie paysanne du quartier, quand profitant d'une secousse, une fois sa prison déposée au sol, il surgit de son habitacle temporaire pour s'élancer à l'aventure.
Il roule, il roule à toute vitesse vers les excréments abandonnés dans la rue par les maîtres irresponsables des canidés urbains, vers l'air sur pollue de cette ville, vers la mer qu’il aperçoit au loin.
Quand soudain !
Il est interrompu dans sa course folle, aplati sous les roues de ces tracteurs urbains qui déplacent les hommes.
Broyé ,ses belles couleurs jonchent le sol et dans un dernier soupir, le petit navet revoit ses champs verdoyants et se dit qu'il aurait peut-être mieux fait de partager une bonne soupe avec les autres légumes du potager...
Troisième : une histoire de vocabulaire,
Une amie m'a dit un jour que le " mais" n'était pas commode, il engendrait peine et contrariété alors que le "et" conjonction comme une autre permettait de faire lien, de relier et rassurer.
Monsieur " mais" oppose là où Monsieur " et" associe.
Quand le " mais" perd du terrain son alter ego n'est jamais bien loin.
Qui est « monsieur parce que » ?
N'est-ce pas la petite pensée qui trotte dans la tête pour justifier, juger ou sanctionner ? " parce que ceci, parce que cela"
Et alors ?
Voilà le complémentaire de " et » :" et alors..."
Tout cela n'est pas grave, il n'y a pas de devoir, pas d'obligation.
A bas " Je dois", à terre " il faut » !
Je peux aussi y arriver sans contrainte !
Pas de bataille, pas de tristesse.
Des petits pas vers l'avenir.
Voici mes nouveaux compagnons de route.
Et alors oui, je peux le faire !