
Par Michèle. Photos Michèle.
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La Cité Radieuse a 73 ans |
La Maison du Fada s'est inscrite dans le paysage marseillais
Il était une fois, dans la belle ville de Marseille, un lieu unique qui s’élevait fièrement dans le ciel, connu sous le nom de la Maison du Fada. Ce bâtiment, véritable œuvre d’art architecturale, s’inscrivait dans le paysage marseillais comme un symbole d’expérimentation et d’espoir, né des cendres de la guerre.
L’histoire de cette maison commence en 1945, une époque où la France, en pleine reconstruction, faisait face à un urgent besoin de logements sociaux. Pour remédier à cette situation, l’État fit appel à un grand visionnaire, l’architecte-urbaniste Charles-Édouard Jeanneret-Gris, mieux connu sous le nom de Le Corbusier. Il lui confia la mission de concevoir un habitat collectif d’envergure, qui pourrait offrir une nouvelle manière de vivre ensemble.

Les travaux de ce qui allait devenir la Cité Radieuse commencèrent en 1947 sur le boulevard Michelet dans le 8ème arrondissement. Après cinq années de labeur, le bâtiment fut inauguré le 14 octobre 1952, accueillant avec fierté ses premiers habitants.
La Cité Radieuse, bâtie en béton brut dans un style audacieux appelé « Brutaliste », était bien plus qu’un simple immeuble. Elevée sur 36 pilotis, elle se présentait telle une « village vertical ». Long de 137 mètres, large de 24 mètres et haut de 56 mètres, elle abritait 17 niveaux et 337 appartements, chacun d’eux unique comme une étoile dans le ciel.

Ce lieu innovant était conçu pour allier la vie privée des individus à une dynamique de vie collective. Ainsi, on y trouvait non seulement des appartements, mais aussi des bureaux, des magasins, un hôtel-restaurant, école maternelle, piscine et même un toit-terrasse, véritable jardin suspendu au-dessus de la ville. Le Corbusier, en appelant cette construction une « unité d’habitation », a réussi à toucher le cœur des Marseillais, qui l’ont affectueusement surnommée la « maison du Fada ».
Mais l’histoire de la Cité Radieuse ne s’arrête pas là. En 1964, elle fut classée Monument Historique, quelques mois avant la disparition de son créateur. Au fil des années, son statut fut rehaussé et son importance reconnue, notamment en 2016, lorsqu’elle fut inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’Unesco.
Aujourd’hui, le toit-terrasse de cette maison extraordinaire abrite le Mamo, un centre d’art contemporain créé par le designer marseillais Ora Ïto. La Maison du Fada, tel un phare de créativité et d’innovation, continue d’inspirer et d’émerveiller ceux qui la contemplent, la rendant à jamais indispensable au paysage marseillais. Et ainsi, son histoire perdure, comme un conte vivant, invitant chacun à rêver d’un avenir collectif.
La bâtisse à la forme d’un haut de bateau avec sa grande cheminée qui invite au voyage dans l’univers féérique de contrées lointaines.
Pourquoi le Cours Estienne d’Orves
fût surnommé « la petite Venise » ?

Selon une légende urbaine, le canal de la Douane abritait des souterrains le reliant à des entrepôts et maisons voisines (Crédit : E. Lacour).
En 1488, Charles VIII fait construire le premier tercenal (dépôt d’armes et de munitions) pour établir un arsenal destiné aux galères, projet qui sera agrandi sous les règnes de Louis XII et de François Ier.
En 1702, un canal intérieur, nommé la Darse, est creusé pour permettre aux navires d’accéder directement du Vieux-Port. Ce canal a été essentiel pour le développement maritime de la ville.
Achevé en 1707, cet arsenal devient le plus grand de France, abritant 40 galères et employant près de 8000 forçats. Ces derniers étaient souvent des prisonniers ou des condamnés, envoyés à travailler dans des conditions difficiles.
En 1781, avec le déclin de l’industrie des galères, une activité maritime et commerciale dense émerge sur le canal, qui est alors rebaptisé canal de la Douane.
Ce canal, avec ses reflets scintillants sur l’eau et ses quais animés de maisons et de commerces pittoresques, ainsi que ses ponts élégants, évoquait, à petite échelle, le charme romantique de Venise.
Un marché flottant, où les pêcheurs vendaient leur poisson depuis de petites embarcations amarrées aux quais, était affectueusement surnommé le Marché de Venise. Cette tradition vivante contribuait à l’animation du lieu.
D’après des récits d’époque, il n’était pas rare de voir des canards se promenant librement, ajoutant une touche de vie à ce lieu pittoresque.
Au début du XXe siècle, chaque année, le canal donnait vie à une mini-fête de l’eau, mettant en scène des courses de barques et des décorations florales flottantes, réunissant les habitants dans une célébration festive.
Comblé entre 1927 et 1929, le canal devient la place forte des médias et des éditeurs marseillais. De nombreuses institutions, comme le journal La Marseillaise et les Éditions Jeanne Laffitte, y ont élu domicile, contribuant à la vitalité culturelle de la région.
En janvier 1945, le site reçoit le nom de cours Honoré d’Estienne d’Orves, en hommage à cet officier de marine français et résistant, héros de la Seconde Guerre mondiale, fusillé par les nazis en 1941.
En 1965, un parking aérien est construit par la Société Shell, mais il est démoli en 1987 en raison des préoccupations esthétiques et environnementales qu’il suscite.
En 1989, l’urbaniste Charlie Bové transforme le cours en une place piétonne telle que nous la connaissons aujourd’hui. Un parking souterrain moderne est créé, tandis que de nombreux bars et restaurants animent cet espace, faisant de ce lieu un point de rencontre convivial pour les Marseillais et les visiteurs.