Le calme des métamorphoses

Photo Odile. Ce qui se reflète change aussi.

Par Odile

 

Ce n’est pas le monde qui bouge d’abord, c’est notre regard.
Un jour, la lumière se pose autrement, et ce que nous pensions immuable se met à respirer différemment.
Le ciel, les arbres, le temps, tout continue, mais rien n’est identique.
Le changement ne se fait pas dans le bruit, il se glisse dans les interstices : entre deux souffles, deux pensées, deux saisons.
Et ce que le miroir nous renvoie, ce n’est pas le ciel : c’est la trace subtile de notre propre passage.

 

 

Le changement de saison : une invitation à se transformer sans se perdre

Le changement de saison, même lorsqu’il est attendu, comme le passage à l’automne, peut réveiller en nous une forme de résistance intérieure.
Surtout chez celles et ceux :

Et c’est humain.
Notre mental aime la stabilité, la routine, les chemins déjà tracés. Pourtant, la vie, elle, n’a jamais cessé de se transformer.

 

Pourquoi le changement de saison peut être déstabilisant ?

Le corps change de rythme :
l’énergie devient plus expansive ou plus lente, selon la saison.
Ce réajustement peut entraîner de la fatigue, de l’agitation, des troubles digestifs ou émotionnels.

Le mental, lui, perd ses repères :
la lumière se transforme, les horaires évoluent, nos habitudes aussi.
Parfois, cela provoque une angoisse diffuse, une impression de vide, ou ce léger flottement qui nous fait soupirer sans raison.

Parfois, le changement se glisse dans des détails :
Ce pull qu’on remet alors qu’il fait encore trop chaud.
Ce matin où la lumière n’a plus la même couleur.
Ce petit pincement quand on réalise que l’été s’éloigne déjà.
Ce n’est pas tant la saison qui change, c’est nous qui résistons à l’idée de laisser partir ce qui nous rassurait.

Symboliquement, les saisons nous parlent de mouvement.
Et le mouvement, pour certains, rime avec insécurité. Pourtant, la vie ne s’arrête jamais : elle se renouvelle, elle circule, elle nous apprend à danser avec elle plutôt qu’à la contrôler.

 

 Le changement d’heure : un petit décalage, un grand effet

Parmi ces transitions, le changement d’heure agit comme une petite secousse sur notre horloge interne.
Notre corps, réglé par la lumière naturelle, a besoin de quelques jours pour se réaccorder.
Sommeil, appétit, humeur : tout peut se dérégler légèrement.

Ceci nous rappelle que nous ne sommes pas des machines.
Nous sommes faits de cycles, de marées intérieures, de rythmes subtils.
Quand la lumière diminue, notre énergie appelle le repos, l’intériorité, le cocon.

Plutôt que de forcer, accueillons ce ralentissement :

Ces ajustements simples permettent de traverser le changement d’heure sans crispation, comme on suivrait la respiration d’une marée.

 

Une invitation à accueillir ce passage

Résister au changement, c’est souvent résister à la vie.
Mais accueillir le changement avec bienveillance, c’est s’ouvrir à une forme de renaissance.

Les pratiques telles que la respiration, l’ancrage, la visualisation, les pratiques corporelles deviennent alors des ponts entre l’ancien et le nouveau.
Elles nous réconcilient avec le flux naturel de la vie.

Et si, au lieu de craindre le changement, nous apprenions à l’écouter ?
Car dans chaque transformation, il y a une promesse.
Celle d’un souffle nouveau, d’un regard plus libre, d’une version de nous-mêmes qui se découvre.
L’automne n’est pas une fin : c’est un seuil.

Alors, la prochaine fois que le vent d’automne frôlera un peu votre peau,
au lieu de vous recroqueviller, respirez.
Dites-vous que ce frisson, c’est la vie qui vous invite à bouger un peu avec elle.

 

Résister au changement, c’est souvent résister à la vie

Le changement nous confronte à ce que nous ne maîtrisons pas.
C’est peut-être cela qui dérange le plus : l’imprévisible, le non-choisi, le glissement imperceptible entre ce qui était et ce qui devient.

On voudrait que tout reste un peu comme avant.
Mais la vie, elle, ne connaît pas l’immobilité. Elle avance, elle efface, elle recommence.
Et dans cet éternel mouvement, elle nous invite, parfois malgré nous, à nous redéfinir.

Résister au changement, ce n’est pas un défaut : c’est un réflexe de survie.
C’est la part de nous qui veut rester en terrain connu, même si ce terrain se fissure doucement.
Pourtant, il arrive un moment où la résistance fatigue plus que le passage lui-même.
Comme si la vie, patiente, attendait que nous cessions de lutter pour pouvoir continuer son œuvre.

L’automne en est la plus belle métaphore : rien ne meurt vraiment, tout se transforme.
Les feuilles tombent, mais la sève descend plus profondément.
Le visible s’efface pour nourrir l’invisible.

Peut-être que vivre, au fond, ce n’est pas apprendre à aimer le changement, mais à se laisser traverser par lui, sans vouloir retenir, sans vouloir fuir.

 

Le passage du temps

Chaque saison nous rappelle que rien ne dure, ni la lumière d’été, ni la tiédeur d’un matin, ni même la couleur d’un souvenir.
Et pourtant, quelque chose en nous résiste à cette évidence.
Peut-être parce que, dans chaque changement, nous percevons une forme d’adieu.

Mais le temps ne prend rien sans offrir autre chose.
Il emporte ce qui doit se dissoudre, et laisse, au creux du silence, la trace d’une continuité invisible. Rien n’est vraiment perdu : tout circule autrement.

Ainsi, le passage des saisons n’est pas seulement un décor : c’est un langage.
Celui de la nature qui nous murmure que tout mouvement contient déjà la promesse d’un retour.
L’automne prépare la lenteur, mais dans la lenteur sommeille la vie prête à renaître.

 

Photo Odile

 

 

Peut-être que chaque saison, chaque transformation, n’est qu’un passage silencieux vers un peu plus de clarté.
Une traversée intérieure où l’on découvre, pas à pas, que la lumière ne se trouve pas au bout du chemin,
mais dans la manière même d’avancer.