Par Michèle

Marseille, ville méditerranéenne au climat sec, a toujours dû faire face à des défis liés à l’approvisionnement en eau. Voici les grandes étapes de cette histoire, depuis l’Antiquité jusqu’à aujourd’hui.

Pourquoi aborder, ce jour, cette question de l’eau ? Nous avons visité les calanques, les plages et le bord de mer dans notre ville et ses alentours, où nous avons longé la Méditerranée, ses eaux bleues et salées. Maintenant, nous allons voir comment Marseille et ses habitants vivent, depuis sa création, avec l’eau potable.

Si vous êtes né à Marseille, d’une famille marseillaise du siècle dernier, vous n’êtes pas sans savoir que l’eau et le gaz n’étaient pas disponibles à tous les étages… Beaucoup de Marseillais n’avaient pas le gaz et cuisinaient avec un poêle à bois. De plus, ils n’avaient pas d’eau sous pression, donc ils possédaient une sous-pente où se trouvait une cuve à eau pour les besoins matériels de la vie dans la maison ou dans l’appartement.

Certaines familles n’avaient pas tout cela, aussi allaient-elles au puits le plus proche pour chercher leur eau pour la journée.

Pour avoir de l’eau potable, il y avait des filtres à charbon, où les besoins en eau de consommation étaient prélevés.

 Le manque de pression d’eau dans les habitations ne permettait pas l’installation d’une douche. Il n’y avait que des baignoires (dans les familles bourgeoises surtout) ; autrement, on se lavait à la « pile » ou à l’évier et dans un tub. Pas d’eau chaude également, elle était prélevée dans la cuisinière de la cuisine où il y avait un réservoir à cet effet. Une autre époque pas si lointaine que ça, mais qui a fait les beaux jours de notre enfance.

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1. L’Antiquité : Les premiers aménagements

Dès sa fondation par les Grecs de Phocée vers 600 av. J.-C., Marseille (Massalia) s’est développée grâce à des sources naturelles et des puits. Les Grecs construisent :

• Des citernes pour stocker l’eau de pluie.
• Des fontaines publiques, dont certains vestiges sont encore visibles.

Les Romains, maîtres en ingénierie hydraulique, développent l’alimentation en eau en construisant des aqueducs et des systèmes de drainage.

2. Le Moyen Âge : L’eau toujours rare

Durant le Moyen Âge, l’eau provient principalement :

• De sources locales comme celle de Saint-Victor.
• Des puits et des citernes alimentées par les précipitations.

L’absence d’un réseau hydraulique efficace entraîne des périodes de pénurie et favorise la propagation des maladies.

3. Le XVIIe siècle : Premier grand travaux

Avec la croissance de la ville, l’eau devient un problème crucial. Sous Louis XIV, plusieurs projets sont lancés :

• Les fontaines publiques se multiplient.
• Le Canal de Marseille est envisagé, mais reste à l’état de projet.

L’approvisionnement en eau de Marseille : Origine et infrastructures

Marseille est alimentée en eau par plusieurs sources majeures, dont les deux principales sont :

1.     Le Canal de Marseille (mis en service en 1849)

2.     Le Canal de Provence (mis en service en 1969)

Ces infrastructures permettent de répondre aux besoins en eau potable, agricole et industriel de la ville et de ses environs.

4. Le XIXe siècle : La révolution du Canal de Marseille (1849)

Avec l’essor industriel et la forte augmentation de la population, Marseille est confrontée à une grave crise de l’eau. L’épidémie de choléra de 1835 souligne l’urgence d’un nouvel approvisionnement.

Le projet du Canal de Marseille

• Initié par le maire Maximin-Dominique Consolat et confié à l’ingénieur Franz Mayor de Montricher.
• L’objectif : acheminer l’eau de la Durance sur 80 km jusqu’à Marseille.
• Travaux titanesques : 17 aqueducs, 18 tunnels, et des ouvrages d’art comme l’aqueduc de Roquefavour, le plus grand aqueduc en pierre du monde.
• Inauguration en 1849 : la ville est enfin alimentée en eau potable en abondance.

1. Le Canal de Marseille : La Durance comme source historique

• Il capte l’eau de la Durance à partir de la retenue de Pertuis, puis l’achemine vers Marseille sur 80 km.
• Il comprend plusieurs ouvrages hydrauliques comme des aqueducs, des tunnels, et des réservoirs (ex : Saint-Barnabé, Réaltor, Vallon Dol).
• Pendant plus d’un siècle, il a été la principale source d’eau potable pour la ville.

2. Le Canal de Provence : L’eau du Verdon pour sécuriser l’approvisionnement

• Construit en 1969, il capte l’eau du Verdon, un affluent de la Durance.
• Géré par la Société du Canal de Provence (SCP), il renforce l’approvisionnement de Marseille et d’autres villes de la région.
• Il assure une plus grande fiabilité en cas de sécheresse et de variations climatiques.

3. Les Barrages et Réservoirs Clés

Pour stocker et distribuer l’eau, plusieurs infrastructures ont été construites :

• Barrage de Zola (près d’Aix-en-Provence) : Ancien barrage conçu par l’ingénieur Zola (père de l’écrivain Émile Zola), utilisé pour la régulation de l’eau.
• Barrage de Réaltor : Réserve d’eau essentielle pour sécuriser l’alimentation de Marseille et de la région.
• Réservoir de Saint-Barnabé : Assure la distribution de l’eau vers les quartiers de Marseille.

4. L’eau souterraine et autres ressources

En complément des canaux et barrages, Marseille exploite aussi des nappes phréatiques et des sources locales, mais elles restent minoritaires par rapport aux grands réseaux hydrauliques.

L’eau courante et sous pression à Marseille est le résultat d’un long processus d’amélioration du réseau d’alimentation en eau, qui s’est accéléré au XIXe siècle avec la construction du Canal de Marseille.

1. Avant le XIXe siècle : Pas d’eau sous pression

Avant l’arrivée du canal de Marseille en 1849, les habitants de la ville devaient se ravitailler :

• Aux fontaines publiques alimentées par des sources locales.
• Dans des citernes et puits privés, souvent insalubres.
• Grâce à des porteurs d’eau, qui livraient l’eau à domicile dans des tonneaux.

L’eau était précieuse et limitée, ce qui posait des problèmes d’hygiène et de santé publique.

2. 1869 : Le réseau d’eau courante sous pression se met en place

• Avec l’inauguration du Palais Longchamp, un réseau de distribution commence à être installé pour amener l’eau sous pression jusqu’aux foyers marseillais.
• Les premiers bâtiments équipés sont les immeubles bourgeois et certains quartiers centraux.

3. Fin XIXe - Début XXe siècle : Généralisation de l’eau courante

• Progressivement, des canalisations sont installées dans tous les quartiers.
• L’eau sous pression arrive dans les logements des classes populaires, mais certains quartiers doivent encore utiliser des bornes-fontaines.
• Développement des stations de pompage et des réservoirs pour stabiliser la pression.

4. Années 1930-1950 : L’eau courante pour tous

• Dans les années 1930, la quasi-totalité de la ville est raccordée à l’eau courante.
• Dans les années 1950, avec la modernisation de l’habitat, presque tous les logements disposent de l’eau sous pression au robinet.

Le Palais Longchamp (1869) – (Je vous en ai déjà parlé lors des récits sur Marseille)

• Construit pour célébrer l’arrivée de l’eau à Marseille.
• Il abrite un château d’eau et de grandes fontaines symbolisant cette conquête.

Histoire et construction du Palais Longchamp à Marseille (petit rappel)

Le Palais Longchamp est l’un des monuments les plus emblématiques de Marseille. Construit au XIXᵉ siècle, il célèbre l’arrivée des eaux du canal de Marseille, un projet majeur qui a permis d’alimenter la ville en eau potable.

1. Les raisons de sa construction

Au début du XIXᵉ siècle, Marseille souffre d’un grave manque d’eau. La ville connaît une forte croissance démographique, mais ses sources locales, comme l’Huveaune et la Durance, ne suffisent plus à subvenir aux besoins des habitants.Les conditions sanitaires sont désastreuses, et une épidémie de choléra frappe la ville en 1835, causée par la mauvaise qualité de l’eau. La nécessité d’un approvisionnement fiable devient une priorité absolue.

2. La construction du Palais Longchamp

En 1862, un concours est lancé pour concevoir un monument célébrant l’arrivée des eaux de la Durance. L’architecte Henry Espérandieu, déjà connu pour la Basilique Notre-Dame de la Garde, remporte le projet.

La construction débute en 1862 et s’achève en 1869. Le palais est conçu comme un immense décor théâtral mettant en scène l’eau, avec un château d’eau monumental au centre et des cascades qui s’écoulent vers le jardin.

3. Une œuvre architecturale remarquable

Le château d’eau central, en forme de demi-cercle, est orné de statues grandioses représentant l’eau sous toutes ses formes. La plus célèbre est la sculpture d’Auguste Bartholdi (le futur créateur de la Statue de la Liberté) représentant trois femmes symbolisant la Durance, entourées d’animaux marins.

 

4. L’aboutissement et son rôle aujourd’hui

Depuis son inauguration en 1869, le Palais Longchamp est devenu l’un des monuments les plus visités de Marseille. Son parc, l’un des premiers jardins publics de la ville, est un lieu de promenade apprécié des habitants.

Aujourd’hui, bien que le Palais ne joue plus de rôle dans l’approvisionnement en eau, il demeure un témoignage de l’ingéniosité et de l’ambition des Marseillais du XIXᵉ siècle.

Il est classé monument historique depuis 1974, garantissant ainsi sa préservation pour les générations futures.

5. Le XXe siècle : Modernisation du réseau

Avec l’expansion de la ville, le réseau d’eau potable est progressivement amélioré :

• Construction de stations de traitement pour assurer la qualité de l’eau.
• Création de réservoirs de stockage (Saint-Barnabé, Vallon Dol, Barasse…).
• Développement d’un réseau de distribution souterrain de plusieurs milliers de kilomètres.

6. Aujourd’hui : Un réseau performant et durable

L’eau de Marseille est aujourd’hui gérée par Eau de Marseille Métropole. Elle provient toujours de la Durance, mais aussi de captages souterrains et de forages.

L’approvisionnement en eau potable de Marseille repose sur un réseau complexe d’infrastructures qui captent, transportent, stockent et distribuent l’eau. 

 

Conclusion

L’histoire de l’eau à Marseille est une épopée d’ingénierie et d’innovation, marquée par le génie du Canal de Marseille, qui a permis à la ville de se développer et de prospérer. Aujourd’hui, Marseille dispose d’un réseau performant, mais doit continuer à s’adapter aux défis environnementaux futurs.

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