Par Michèle
Raconte-moi Marseille ! épisode 6
Des Lumières à la Révolution : Marseille, port mondial
« Allons enfants de la Patrie … »
Claude Joseph Rouget de Lisle, officier français, nuit du 25 au 26 avril 1792.
La peste de 1720 que nous avons évoquée précédemment, fût un coup terrible pour l’économie commerciale de la ville. (Petit rappel récent de la COVID et de l’économie…)
Vue de l'Hôtel de Ville pendant la peste de 1720. Tableau Michel Serre.
L'Hôtel de Ville est au centre, regardant la désolation de la situation;cadavres et malades jonchent l'espace public; évacuation des corps dans des charrettes par des forçats, intervention des autorités civiles et secours spirituels des mourants dispensés par des religieux.
Malgré cette tragédie, l’essor économique reprend rapidement, notamment grâce à l’arrivée massive d’une population provençale et étrangère à la région. Nous commençons à voir la période d’émigration dans notre région.
La décision de transférer une partie des galères à Toulon, à partir de 1748, permet de consacrer la place libérée, au plein emploi pour le port au commerce. Le commerce au long cours, voit le jour. Les avancées scientifiques dans la navigation se développent, assurent des traversées plus précises et surtout l’art de cette pratique et plus sûr. Le siècle des Lumières brille également à Marseille, notamment grâce à l’Académie des Belles-lettres, Sciences et Arts, fondée en 1726, qui existent toujours. Comme dans les autres grandes villes, la Révolution française y trouve un écho important.
Premier siège social de l'Académie des Belles-lettres au 10 avenue Alexandre Dumas. Stendhal y séjourna.
Un port, des industries et des hommes : Marseille au XIXe siècle.
« Marseille est maintenant ce que devait être la Perse dans l’Antiquité, Alexandrie au Moyen Âge : un capharnaüm, une Babel de toutes les nations [...]. Vous entendez parler cent langues inconnues [...] tous les idiomes, ceux qu’on parle au pays des neiges, ceux qu’on soupire dans les terres du Sud. »
Gustave Flaubert, écrivain français, Par les champs et par les grèves, 1840
Rien n’est évident au lendemain de la Révolution et la ville de Marseille n’en est pas épargnée. La ville souffre des conflits européens qui affectent le port et l’économie jusqu’en 1820. Mais la prise d’Alger par les troupes françaises relance dès 1830 l’attractivité de la ville. La population croît considérablement, passant de 130 000 habitants en 1830 à 550 000 en 1905.
La famille de Napoléon Bonaparte a vécu à Toulon et à Marseille.
Mais elle n’a pas pu apprécier ces villes à leur juste valeur.
À quelques encablures de l’anse de Mèjean et de la plage du Mourillon à la Valette du Var, près de Toulon, c’est là que la famille, du futur empereur, séjourne et s’installe en 1793, Napoléon n’a alors que 9 ans, pour rentrer dans une école militaire en France métropolitaine. Avenue Char Berdun, un immeuble de trois étages (architecture typique des maisons marseillaises) avec des volets bleus, le chambranle de la porte est marqué d’un cœur et d’une flèche.
Il faut savoir que sa mère Maria Letizia Ramolino, veuve de Charles de Bonaparte, ses frères et sœurs sont parties de leur Corse natale pour fuir la mise à sac et l’incendie de leur maison, à la suite d’un affrontement avec le gouvernement nationaliste corse de Pasquale Paoli (1725-1807) dont la famille était de passionnés nationalistes corses (déjà à l’époque les problèmes étaient enclenchés). De la rue Lafon (6) arrondissement), où Napoléon vivra 3 ans.
Le séjour à Toulon fût de courte durée et la famille s’installe à Marseille, dans un très bel hôtel particulier, où Napoléon n’y vit que 3 années. Pour la famille Bonaparte, totalement sans un sou, c’est une vie chiche et presque dans la misère.
Quelques années plus tard, l’âge de raison arrive et Napoléon se fiance en avril 1795, avec la fille d’un marchand de soie Marseillais.
Bernardine Eugénie Désirée Clary née le 8 novembre à Marseille en 1777, dernière d’une très grande fratrie. Son père François Clary, issu d’une très grande famille renommée de négociants dans toute la Provence et au Levant.
Le commerce fleurissant, surtout dans la soierie, assure une fortune considérable à la famille. Il possède une vase demeure rue des Phocéens à Marseille et la rencontre avec Napoléon et la famille Bonaparte ne manque pas de se faire.
La situation financière des Bonaparte oblige la mère à travailler !
La famille Clary fait appel aux services de Letizia Bonaparte et se lie d’amitié avec toue la famille.
Et c’est là que Napoléon devient le fiancé de Désirée, mais à la suite de sa rencontre avec Joséphine de Beauharnais, après l’engagement des familles pour ses fiançailles, Bonaparte renonce à ce mariage.
C’est le seul moment important dans la vie de Napoléon où nous avons ce lien profond avec notre belle ville de Marseille.
Il faut attendre le Second Empire pour reparler de Marseille.